Réserve biologique intégrale du Gros Fouteau Forêt de Fontainebleau. 2016 011

Ces hêtres ont-ils échappé de peu, de très peu à la cognée du bûcheron ?

 


Le Gros Fouteau, une réserve biologique intégrale, qui, si l'on en croit les dépliants, est unique.

Une réserve biologique intégrale est théoriquement, un endroit où le bûcheron n'est pas le bienvenu.
Il en est des réserves, comme des PLU, beaucoup de variations au gré d'intérêts financiers. Les réserves biologiques, dirigées ou pas, sont un manque à gagner pour le forestier. Un forestier est avant tout un spécialiste de la planche, mais certainement pas un spécialiste de la nature, la vraie.
La nature, et plus particulièrement la forêt, fonctionne très bien sans l'aide des Hommes.
Le Gros Fouteau, ce mouchoir de poche est semble-t-il, l'héritier de l'une des réserves artistiques créées officiellement le 13 août 1861, à l'instigation des artistes.
C'est un véritable combat que ces hommes ont mené contre l'administration forestière. Après bien des années et de nombreux  tubes de peinture, la France pouvait s'enorgueillir de posséder des territoires préservés de toute action humaine. Bien que trop petits, ces territoires d'exception ont tout de même le mérite d'exister.
Les temps changent, ces arbres, vieillissent, pourrissent, se décomposent et font désordre, dans une forêt bien ordonnée, bien rangée, pour ne pas dire au garde-à-vous.
C'est bien connu, qui veut tuer son chien, l'accuse de la rage. Ces réserves vont à plusieurs reprises changer de nom, de statut, et même de localisation.
Voir (ICI).
La réserve du Gros Fouteau, comme par miracle est parvenue jusqu'à nous, enfin presque, puisqu'un morceau a été passé à la "moulinette".

Voir cet extrait de carte.




On peut donc se réjouir, mais le coup passa si près que...
Tout de suite après la dernière guerre mondiale, un besoin de bois de chauffage se fit sentir. Quoi de mieux que de puiser dans ces réserves biologiques. Les hêtres sont bien gros, une route passe juste à côté, le terrain est plat. Le sort en est jeté. Une partie de la réserve est donc mise en exploitation, le reste suivra-t-il ?
Ces photos réalisées dans la réserve du Gros Fouteau, proviennent d'un marquage effectué avec une griffe appelée également rainette. 




Elles datent probablement des années d'après-guerre, et sont la preuve d'une opération conduite dans ce secteur par des agents forestiers. S'agissait-il de couper ces arbres, de très beaux sujets, de les recenser, ou de les épargner ?
Comme nous pouvons le constater les marques de griffe sont fort bien cicatrisées. À quelques dizaines de mètres seulement, tous les sujets de cette même réserve artistique ont probablement fini en fumée !



gestion forestiere


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Dans la revue forestière, je relève cet extrait :

 

A l'automne 1944, alors que les communications étaient désorganisées, il devint urgent de ravitailler très rapidement Paris en bois de chauffage et particulièrement en bois de boulange (bois destiné aux fours à pain. NDLR). On eut recours à des exploitations dans les vieilles futaies du Bas-Bréau et du Gros Fouteau, à proximité de la route nationale. L'intervention a été rude : sous la pression de la nécessité, la préoccupation de réalisation rapide et facile a primé le souci de protection de la nature et même l'idée culturale. C'en était fini du respect des réserves artistiques : amis de la forêt, (l'auteur parle des "amoureux" de la forêt et non pas de l'association. NDLR) et biologistes se sont montrés légitimement inquiets de cette situation nouvelle. Des échanges de vues eurent lieu, qui aboutirent à la création d'une commission (spécialité française. NDLR) de consultation des réserves artistiques et biologiques de la forêt de Fontainebleau. Cette commission, instituée par Arrêté ministériel du 23 juillet 1945, est présidée par le directeur Général des Eaux et Forêts (Le loup garde les moutons. Une erreur qui se paiera cher. NDLR).





Quelques définitions du griffage glanées sur la toile :

 

- Même opération que le martelage, mais avec au lieu d'un marteau une griffe qui permet  d'entailler l'écorce superficiellement.

- Opération consistant à marquer d'un trait, à la griffe, les arbres (souvent de petites dimensions) qui doivent soit être coupés, soit être maintenus dans un peuplement.

- Les baliveaux de l'âge du taillis pourront être désignés par un simple griffage ou toute autre marque autorisée par l'administration, lorsque ces arbres seront trop faibles pour recevoir l'empreinte du marteau[...]

- Cette marque se fait avec une griffe ou espèce de rouannette et consiste en deux traits obliques croisés par deux autres traits. Il est spécifié que les marquages sont réalisés d'un seul et même côté au nord (ce qui est le cas au Gros Fouteau. NDLR)

- Alors que les gros troncs à abattre sont marqués avec un marteau de forestier, les petits arbres à couper sont repérés avec deux coups de griffe marquant une croix bien visible.

- Le griffage est une opération sylvicole de marquage de perche, de brins et parfois de petits bois de faible valeur à l'aide d'une griffe à des fins d'exploitation. Il peut être réalisé en abandon ou en réserve. Il faut toutefois préférer le marquage en abandon pour ne pas abîmer l'écorce des arbres à maintenir.

- Dans les coupes d'amélioration, éclaircies et nettoiements, la désignation des arbres à abattre [...] À cet effet l'agent [...] fait une première désignation par un simple griffage des arbres qui doivent nécessairement tomber [...]

- Des arbres à abattre sur l'ancienne voie de Carhaix [...] deux agents de l'ONF sont venus sur place afin de griffer les arbres à abattre [...]
 

Que doit-on conclure ?


S'il s'agit d'un inventaire pied par pied tous les arbres sont marqués, pourtant seuls les hêtres portent ces griffages.
Même remarque dans le cas d'un inventaire statistique.
S'agissait-il de baliveaux à l'époque du griffage (70 ans se sont écoulés), les arbres présentent tout de même un gros diamètre, pour avoir été de simples baliveaux en 1944.

Pourquoi certains arbres portent une griffe, d'autres deux et d'autres trois ?
Il n'y a pas de souche dans cette parcelle. Ce qui indique qu'il n'y a pas eu d'exploitation depuis des décennies.
Pourquoi certains arbres portent des croix, signifiant arbre à couper et sont encore debout ?
Pourquoi certains sujets de même diamètre portent des croix, d'autres un simple trait ?
Certains sujets du même âge ne portent aucun marquage !

Alors, ont-ils ou non échappé à l'abattage ?


gestion forestiere


Seul un forestier ayant participé à ces griffages pourrait nous apporter ses 
lumières.





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